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Warren Zevon - Bad Luck Streak In Dancing SchImage (1980)

Pistes :

1. Bad Luck Streak In Dancing School
2. A Certain Girl
3. Jungle Work
4. Empty-Handed Heart
5. Interlude No.1
6. Play It All Night Long
7. Jeannie Needs A Shooter
8. Interlude No.2
9. Bill Lee
10. Gorilla, You're A Desperado
11. Bed Of Coals
12. Wild Age

Musiciens :

Warren Zevon (claviers, organ, basse, guitare, chant) - Jackson Browne (guitare) - Rick Marotta (batterie) - Leland Sklar (basse) ...

Critique :

En 1980, Warren Zevon est déjà unanimement reconnu, après seulement deux albums studios comme l'un des grands songwriters américains. Bad Luck Streak In Dancing School, son troisième album ne fera que renforcer et confirmer la chose, en ajoutant des touches de musique classique à ses compositions, comme on le remarque avec les courtes pièces Interlude No.1 et No.2, qui introduisent notamment « Play It All Night Long », superbe titre, qui tourne en ridicule le célèbre « Sweet Home Alabama » de Lynyrd Skynyrd, et qui propose à cette occasion une relecture toute personnelle du sud des Etats-Unis, puritain et réactionnaire : « Grandpa pissed his pants again/He don't give a damn/Brother Billy has both guns drawn/He ain't been right since Vietnam/ Sweet Home Alabama/Play that dead band's song/Turn Those speakers up full blast/Play it all night long ». Après les règlements de compte par chansons et déclarations interposées des années 70 entre Neil Young et Lynyrd Skynyrd, voilà que Warren Zevon jette de l'huile sur le feu, mais toujours avec une énorme pointe d'ironie, d'humour noir et de second degré, qui fait qu'au final on ne sait plus très bien s'il s'agit d'un hommage déguisé ou alors d'une vaste parodie de Lynyrd Skynyrd.

Bad Luck Streak In Dancing School est sans aucun doute l'album le plus hétéroclite de toute l'oeuvre de Zevon, alternant musique classique et songwriting, folk et rock, et dont la chanson éponyme en est sûrement le meilleur témoignage. Si « A Certain Girl » est un rock tout ce qu'il y a de plus classique, de très bonne facture et qui deviendra un hit, « Jungle Work » au contraire semble prolonger « Roland The Headless Thompson Gunner » de par la thématique abordée (le mercenariat et la guerre) est un rock déchiré, aux accents violents et au rythme déconstruit avec de sublimes paroles, comme à chaque fois chez Warren Zevon : « Where the pay is good/And the risk is high/It's understood/We'll do or die/Sten gun in hand/Where the gun is law/From Ovamboland/To Nicaragua/Strength and muscle and jungle work ».

« Empty-Handed Heart », « Bill Lee » et « Wild Age » sont les trois magnifiques ballades romantiques de l'album, dont seul Zevon a le secret, jamais insipides, mais toujours empreintes d'un certain détachement, d'une pudeur et d'un lyrisme qui touchent juste.

« Jeannie Needs A Shooter » est l'autre grand titre de l'album, coécrit avec Bruce Springsteen, ami et grand admirateur de Zevon, et qui dépeint une tragique histoire d'amour qui finit dans le sang, dans l'Amérique puritaine de la violence et des armes à feu.

Puis, avec « Gorilla, You're Desperado », Zevon présente une critique acerbe du mode vie californien, et plus particulièrement de la jeunesse dorée hollywoodienne, avec pour protagonistes principaux des animaux, et notamment un gorille, procédé que Zevon utilisera à de nombreuses reprises sur ses disques suivants, avec des chansons comme « Leave My Monkey Alone », « Even A Dog Can Shake Hands », « Monkey Wash Donkey Rinse » ou encore « Rottweiler Blues ». Le cynisme et le détachement propres à Zevon est là aussi mis en exergue de manière très intelligente et délicate, bref un véritable petit chef d'oeuvre d'humour noir, d'amertume et d'acidité.

Bad Luck Streak In Dancing School est sans conteste le disque le plus hétéroclite dans la production de Warren Zevon, sur lequel sa musique prend plus d'épaisseur, avec l'ajout de nouvelles sonorités et de nouveaux thèmes à explorer. La déconstruction apparente de l'album, malgré une indéniable qualité, laisse déjà présager l'état d'esprit dans lequel se trouve Warren Zevon au début des années 80, une période sombre de sa vie, marquée par la consommation abusive de drogues et d'alcool, mais qui pourtant rejaillit très positivement sur sa musique, et lui fournit une inspiration intarissable. Et même s'il a confié qu'à cette époque « lorsque j'étais raide chaque jour, il m'arrivait de taper des choses sur ma machine à écrire, mais rien de bon n'en sortait », Zevon reste sur ce point fort modeste, car certes Bad Luck Streak In Dancing School n'est peut-être pas son meilleur album, ce dernier reste comme finalement tous les albums de Warren Zevon, plus qu'indispensable dans une discothèque.

Mon avis : un album peut-être inégal et déconstruit, mais qui renferme quelques pépites qui ne sont disponibles sur aucune compilation de l'artiste. Donc, à posséder. De toutes manières, avec Warren Zevon, aucun regret n'est jamais à formuler, sauf celui de ne pas avoir connu cet artiste à temps, et surtout celui de ne plus jamais le voir sur scène, puisqu'il s'est éteint l'année dernière à l'âge de 56 ans.

Ma note : 15/20.

Vincent FUHRER
Rockin The Free World

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